Premier festival
d'auteurs contemporains
à Chelles
 

 

Le théâtre parmi de multiples autres expressions artistiques reflète le monde et ses errements, l'auteur contemporain nous donne souvent quelques matières de réflexions et toujours de nouvelles voies pour mieux alimenter notre quête de sens. Pourtant ce citoyen visionnaire, qui exprime notre temps au travers de grands mythes primordiaux, par la satyre, l'insolite, la chronique sociale, se trouve encore trop inisuffisament représenté sur la scènes de théâtre.
Le programme de ce festival poursuit l'exploration dans la création contemporaine, programme que nous menons depuis IQ ans à Chelles en faisant se côtoyer des auteurs aux univers aussi différents que Fernando Arrabal, Daniel Pennac, Christian Zahetti, Bruno Schulz, Pascal Parsat...
Notre ambition est de faire entendre les préoccupations de ces auteurs : l'intolérance, le monde de l'enfance, le surréalisme... et de révéler des oeuvres comme " l'effet mère "dArrabal, encore inédit en France.

Que ce premier festival d'auteurs contemporains trouve à Chelles l'expression de toutes les audaces et plaisirs, c'est ce que nous vous proposons de partager ensemble. Pierre Pirol

 

 

HOMMAGE à Fernando Arrabal

novembre 20h30

en présence de l'auteur

L'Effet Mère ou Letre d'amour

LE TEMPS DE LA "PREMIERE FOIS"

F. Arrabal

 



En écrivant Lettre d^amour, je revivais le temps de "la première fois".

La pièce faisait de moi son oeuvre, comme dans la pêche le noyau engendre la vie.

Lorsque j'ai commencé à la rédiger, javais l'impression que des sentinelles minuscules attendaient des messages, postées aux articulations de mes mains et de mes pieds, au bout de mes doigts, de mon sexe, et sur la rétine de mes yeux.

Le souffle du nouveau-né me régénérait: c'était la respiration embryonnaire de qui ne peut s'élever, être heureux, immortel, que par le théâtre. De qui inverse le processus vital pour parvenir à la création.

Je me sentais habité par le firmament. J'oubliais même que j'écrivais: j'étais enfermé en moi-même alors que je révélais mon intimité.

Lettre d'amour anéantissait mon rapport au temps et à l'espace, comme si elle renfermait le secret de l' éternité.

Ma gorge était nouée par les liens d'amour-haine tissés avec la femme qui m^a donné le jour. Comme si le conflit oedipien et la tragédie de l 'Histoire, la condamnation à mort de mon père et le mystère de sa disparition venaient de surgir à l'instant.

Parfois, j'étais convaincu que j'avais échoué en tout: Je croyais que mon corps abritait des scorpions venimeux, des serpents pervers, des bourdons mouchards qui dénonçaient à ma tête les fautes de mon ventre. Je ne pouvais les expulser qu'en écrivant.


Parfois aussi, maîtrisant mes craintes, je me laissais éblouir par mes infortunes fatales. J'écrivais sous la dictée de ma vie, de mon enfance , de mes rêves, dans l'espoir de les retrouver conformes à mes désirs dans ma mémoire.

Avec quelle soudaineté un souvenir m'emportait vers un paradis ou un enfer inconnu, comme si, des ailes fixées sur mon dos, je pouvais m'élever vers le firmament.

Je ne souhaite pas voir mon théâtre s'inscrire dans les Registres de l'Immortalité... je désire seulement jouir chaque jour de quelques instants de bonheur.

Je conçois Lettre d'amour comme un égarement lucide. Forme et fond, esprit et délire, en tous points semblables, s'unissant pour ne faire qu'un.

J'ai tant rêvé d'écouter cette pièce (le jour de la première mondiale à l'Habimah National Theatre), interprétée par la prodigieuse Orna Porat.

L'exil est ma découverte inépuisable. Quelle joie imméritée que Lettre d'amour soit précisément créée en Israël, depuis la révélation qu'a été mon voyage aux sources de l'ineffable.


F. Arrabal

 

Avec:

Farida Toyes
et Pierre Pirol

avec la participation
amicale de:
Jean Guerrin,
Vincent Dussart,
Pascal Parsat,
Josette Stein,
Hélène Dubault,
Frédéric Lefèvre,
Emmanuelle Meyssignac,
Sandra Macedo

Guitare :
Marc Sens


Corde lisse :
Emmanuelle Faure


Costume :
Bruno Jouvet,
Fabienne Touzi- Dit-Terzi