Je te salue, démente!
Fernando Arrabal
Je te salue, démente! Etrangement parée pour le bal de l asile Tu désires voler sur les rochers du sort Alors que les furies sont devenues patientes Grâce aux nouveaux psychiatres, ces bergers de la haine * * * Je te salue, démente! Au centre du désert sans baisers, ni caresses Des sectes aux gourous feignant la différence Se disputent lopium pour asservir lenfant Que parfume le sang versé par linnocence. * * * Je te salue, démente! Tout enfant est un fou, le fou nest qu un enfant Quand sa tête repose sur sur le divan de plumes. Les Diafoirus entre eux, très fiers, se congratulent Bercés par le roulis des certitudes molles. * * * Je te salue, démente! Toute damassée de portes sans issues ni secours Tu nous tiens par la fête et surtout par létrange. Phantasmes et fantômes sont venus dici- bas. Ta cervelle te regarde et ne te connaît plus. * * * Je te salue, démente! Tu galopes, inconsciente, en chevauchant Sigmund Ou ses disciples creux, sans école buissonnière. Héritières du carcan, purgées de tout amour Leurs têtes vont sombrant dans la norme grégaire.. * * * Je te salue, démente! Murée dans le cachot de ton retranchement Tu distilles lennui, goutte à goutte, du temps Craignant de naufrager sur ton sommet flottant Cernée par des rancoeurs fatalement exactes * * * Je te salue, démente! Planant sur un déluge à peine universel, Au coeur de ton chagrin tu triomphes, ignorant Le déploiement d étoiles dans ton sillage noir: La vierge, la vivace, la belle apocalypse. Je te salue, démente! F. Arrabal Castilfrío de la Sierra, août 2000 |
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