été 2001

Je te salue, démente!
Fernando Arrabal

 

Je te salue, démente!

Etrangement parée pour le bal de l’ asile

Tu désires voler sur les rochers du sort

Alors que les furies sont devenues patientes

Grâce aux nouveaux psychiatres, ces bergers de la haine

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Je te salue, démente!

Au centre du désert sans baisers, ni caresses

Des sectes aux gourous feignant la différence

Se disputent l’opium pour asservir l’enfant

Que parfume le sang versé par l’innocence.

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Je te salue, démente!

Tout enfant est un fou, le fou n’est qu’ un enfant

Quand sa tête repose sur sur le divan de plumes.

Les Diafoirus entre eux, très fiers, se congratulent

Bercés par le roulis des certitudes molles.

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Je te salue, démente!

Toute damassée de portes sans issues ni secours

Tu nous tiens par la fête et surtout par l’étrange.

Phantasmes et fantômes sont venus d’ici- bas.

Ta cervelle te regarde et ne te connaît plus.

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Je te salue, démente!

Tu galopes, inconsciente, en chevauchant Sigmund

Ou ses disciples creux, sans école buissonnière.

Héritières du carcan, purgées de tout amour

Leurs têtes vont sombrant dans la norme grégaire..

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Je te salue, démente!

Murée dans le cachot de ton retranchement

Tu distilles l’ennui, goutte à goutte, du temps

Craignant de naufrager sur ton sommet flottant

Cernée par des rancoeurs fatalement exactes

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Je te salue, démente!

Planant sur un déluge à peine universel,

Au coeur de ton chagrin tu triomphes, ignorant

Le déploiement d’ étoiles dans ton sillage noir:

La vierge, la vivace, la belle apocalypse.

Je te salue, démente!



F. Arrabal

Castilfrío de la Sierra, août 2000

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